samedi 5 septembre 2015

La couleur des sentiments

Cinq ans après la publication française de ce roman qui n'a cessé de faire parler de lui, et quatre ans après la sortie de son adaptation cinématographique, je me lance enfin. Il était temps, plus que temps ! Et ce qui est certain, c'est que ce livre fut un véritable coup de poing.






Auteur : Stockett, Kathryn
Editeur : Jacqueline Chambon, 2010
Titre original : The help

Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L'insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s'enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s'exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu'on n'a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l'ont congédiée.
Mais Skeeter, la fille des Phelan, n'est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s'acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot.
Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.
Passionnant, drôle, émouvant, La couleur des sentiments a conquis l'Amérique avec des personnages inoubliables. Vendu à plus de trois millions d'exemplaires, ce premier roman, véritable phénomène culturel outre-Atlantique, est un pur bonheur de lecture.






J'ai toujours repoussé le moment où je commencerais ce livre, craignant un style d'écriture trop rébarbatif, ou des aspects historiques très pointilleux. Ce n'est pourtant pas quelque chose qui a l'habitude de me freiner, bien au contraire.
La couleur des sentiments, c'est un livre sur la ségrégation dans les années 60. Alors je pense que je m'attendais à un énième récit pointant du doigt le tort des Blancs et la souffrance des Noirs, et ne me sentais pas capable de lire encore une brique me confortant dans l'idée que l'être humain est la pire des ordures.

Et finalement, j'ai très peu ressenti ce sentiment lors de cette lecture. Le récit énonce des faits, tels qu'ils existaient très probablement à l'époque, il dénonce la cruauté du système ségrégationniste, mais d'une manière tellement humaine et différente, que l'on ressort de cette lecture ému, ébranlé, mais cependant pas furieux contre l'espèce humaine.

Les points de vue sont partagés. Nous suivons à la fois les pensées de deux bonnes Noires, et d'une jeune femme Blanche, dont les chemins finiront par se croiser. Il est extrêmement intéressant de pouvoir suivre les réactions de chacune des trois face aux même situations, ou au contraire, se rendre compte du fossé qui sépare leurs vies quotidiennes, en fonction de leur couleur de peau.
Ce qui est superbe, dans ce livre, c'est de voir tout l'amour qui s'y trouve. Un amour inconsidéré, et surtout totalement inconscient, venant balayer la cruauté de certains personnages.

Parce que les personnages sont une vraie palette d'émotions et de différences, ils sont tous extrêmement bien travaillés et cohérents du début à la fin. Ils en semblent plus vrais que nature, à tel point qu'en lisant ce roman, il nous semble lire l'histoire de personnes réelles. On s'y attache très vite, on craint qu'il leur arrive quelque chose, on partage très rapidement leur quotidien, au point de parfois se sentir voyeur, mais sans pour autant pouvoir décrocher les yeux des mots qui les définissent.

Comme l'indique son titre original, ce livre est une histoire d'espoir. L'espoir d'une égalité, d'une liberté et d'un regard accepteur de la part de l'homme Blanc. Une histoire d'amour, aussi, de possibilité, de prise de risque. 

J'ai donc été profondément touchée par ce superbe livre, et ressors de cette lecture en me disant qu'il ne faut pas être quelqu'un d’expressément extraordinaire pour faire changer les choses. Il suffit parfois de volonté et de courage, mais nous devrions tous, d'une manière ou d'une autre, suivre l'exemple et la voie que nous a montrés ce récit. Je me joins donc à toutes ces personnes qui ont précédemment été conquises par la poignante simplicité de ce roman.

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